« Particulièrement innovant, ERIOS se veut un véritable tiers lieu d’expérimentation sur les usages des logiciels en santé. C’est donc un projet qui nous tient beaucoup à cœur », explique Guillaume Reynaud, directeur des relations publiques pour Dedalus. Thomas Le Ludec, directeur général du CHU de Montpellier et l’un des initiateurs d’ERIOS, revient alors sur la genèse de ce projet pas comme les autres. « Tout a commencé il y a un peu plus de deux ans, lorsqu’avec nos partenaires chez Dedalus nous nous étions lancé un défi : implanter un centre de Recherche et de Développement au sein-même du CHU de Montpellier, qui travaillera en lien avec l’Université et sera spécifiquement dédié aux usages du numérique en santé. Nous pourrons ainsi co-développer et expérimenter ensemble de nouvelles technologies au bénéfice des professionnels de santé et des usagers », raconte-t-il. Évoquant notamment le dossier patient informatisé (DPI), un outil devenu plus qu’indispensable à l’hôpital, le directeur note néanmoins qu’il « reste des étapes à franchir pour en améliorer l’ergonomie et les usages ». Le premier volet d’ERIOS sera donc centré sur la construction du DPI de demain, un dossier patient nouvelle génération plus riche, plus fluide, qui se nourrira notamment du savoir-faire de Dedalus et de sa plateforme communicante Care4U.
Un projet retenu dans le cadre du programme France2030
Les événements s’enchaînent à partir de l’été 2020. ERIOS fait partie des projets innovants retenus par le programme France2030, lancé par la Direction Générale des Entreprises et opéré par Bpifrance pour appuyer le développement d’outils numériques permettant la mise en place d’une médecine 5P – personnalisée, préventive, prédictive, participative et de preuves. Il obtient alors un financement à hauteur de 3,7 millions d’euros, une enveloppe qui permettra son démarrage. « Ma conviction, profonde, est qu’il nous faut associer les utilisateurs le plus précocement possible pour soutenir l’adoption de nouveaux usages numériques : les médecins, infirmiers et secrétaires médicaux, mais aussi les patients et leurs aidants. Cette vision est au cœur d’ERIOS, qui ambitionne de faire de Montpellier la grande place des usagers du numérique. Si nous y réussissons, nous aurons marqué l’histoire de l’informatique hospitalière, pour le plus grand bénéfice de nos concitoyens, tout en renforçant un peu plus la souveraineté numérique européenne, qui est elle-même essentielle à notre souveraineté nationale », poursuit Thomas Le Ludec.
« Co-créer l’innovation »
Cette ambition fait pleinement écho à celle de Dedalus, comme le souligne Andrea Fiumicelli, président directeur général du groupe européen et qui, trois jours durant, est allé la rencontre des clients français de l’éditeur. « Je suis fier d’être ici aujourd’hui. Les plus grandes réalisations humaines sont nées d’un objectif partagé, auquel l’on a décidé de donner corps. Pour ERIOS, il s’agit d’améliorer la santé globale de nos concitoyens en exploitant tout le potentiel offert par les outils numériques. Il nous faut pour cela co-créer l’innovation et donc fédérer toutes les bonnes volontés pour relever ensemble les défis qui se présenteront à nous », note-t-il en évoquant quelques premiers axes de travail : l’utilisabilité, la réduction de la charge mentale des professionnels de santé, ou encore l’association des patients et de leur entourage au processus décisionnel.
Une traduction informatique de la médecine narrative
Médecin infectiologue au CHU de Montpellier, le Docteur David Morquin, par ailleurs président de la délégation à l’usage du numérique de l’établissement, a été l’une des chevilles ouvrières du projet ERIOS. « Nous en sommes aujourd’hui à une étape cruciale de l’histoire des DPI. Les premières générations nous ont permis de mieux gérer les activités diagnostiques et thérapeutiques, de suivre de manière plus efficace les soins, mais elles génèrent toujours plus d’informations qu’il nous faut désormais mieux hiérarchiser et prioriser pour aider à la prise de décision et améliorer encore la qualité des soins. Nous ne pouvons organiser ces informations manuellement, mais il est possible de développer des interfaces permettant une compréhension partagée de la stratégie clinique », explique-t-il en insistant sur la nécessité de « fluidifier la saisie des données pour qu’elles soient d’emblée exploitables ». Il s’agit, résume-t-il, de mettre en place une véritable médecine narrative, traduite par des objets informatiques qui seront utilisés au cœur du processus de soins.
Des attachés de recherche technologique
Concrètement, ERIOS s’attachera à explorer plusieurs cas d’usages, en expérimentant de nouveaux composants au sein du DPI et en les confrontant en permanence à la réalité des pratiques. « Il nous faut donc penser l’implication de tous les acteurs, en l’inscrivant dans un cadre précis qui permettra de la contractualiser et de la financer. Nous comptons ici transposer à la recherche sur le numérique le savoir-faire acquis en recherche clinique », poursuit David Morquin, citant par exemple le recrutement d’attachés de recherche technologique, sur le modèle des attachés de recherche clinique. Cette approche nouvelle, basée sur une méthodologie scientifique, permettra dont de créer des conditions optimales pour mieux organiser et structurer la rencontre entre le monde des technologies de l’information et les professionnels de santé de plus de 74 filières de soins primaires et de recours. Chacun a un rôle à jouer : Dedalus implantera au CHU et gèrera pour le compte de l’établissement une équipe dédiée de développeurs et d’experts en design et ingénierie logicielle, tandis que le CHU disposera d’une équipe projet chargée d’organiser l’implication des différents utilisateurs et services testeurs, de garantir la protection des données et l’évaluation des résultats cliniques dans la prise en charge des patients.
Des attentes déjà nombreuses
« C’est là une grande et belle opportunité pour Dedalus et sa technologie Care4U : en travaillant plus étroitement avec les professionnels de santé, nous pourrons utiliser leur regard pour continuer à améliorer nos outils et renforcer leur pertinence en matière d’aide à l’information, à la prescription et à la décision », indique Marion Peyressatre, country product manager pour l’éditeur. « Avec le CHU et l’Université de Montpellier, nous porterons ensemble une dynamique nouvelle, placée sous le signe de la réactivité. Les financements reçus par Bpifrance nous donnent un délai de trois ans pour mener ce projet à bien. Mais plusieurs cas d’usage seront prêts avant cette échéance », sourit Guillaume Reynaud. Le mot de la fin zest laissé à Frédéric Vaillant, directeur général délégué de Dedalus, qui conclut : « ERIOS fonctionnera en mode hospitalo-living lab : chaque outil sera développé rapidement et aussitôt testé, afin de répondre toujours mieux aux besoins des utilisateurs finaux ». Dans le public, les attentes sont déjà nombreuses pour la nouvelle génération d’assistance médicale par les technologies de l’information qui verra le jour dans le cadre de ce tiers lieu de recherche unique.